L’autre jour, j'ai aboutit par hasard devant la section "Osez" d'une librairie. Je suis tombée sur deux livres s’intitulant respectivement « Osez… les conseils d’une lesbienne pour faire l’amour à une femme » et « Osez… les conseils d’un gay pour faire l’amour à un homme. »
Je me questionnais sur la pertinence et l'utilité de livres comme ceux-là… Voici mes commentaires sur: « Osez… les conseils d’une lesbienne pour faire l’amour à une femme ».
Je dois annoncer de prime abord que j’ai été agréablement surprise à la lecture de ce petit livre de 150 pages. Je suis souvent perplexe des livres de « psycho-pop » proposant une marche à suivre, mais cette collection présente plusieurs titres intéressants (j’ai feuilleté aussi: « Osez l’amour durant la grossesse » et il y avait de bonnes réflexions).
Bref, voici les points forts de cet ouvrage :
- L’auteur a su bien doser la partie « pratique » et la partie « émotive ». Le livre comporte, bien entendu, des positions, des techniques à essayer, des trucs, mais ce n’est pas tout. L’auteure accorde une importante particulière sur l’importance de s’adapter à sa partenaire, qu’il n’existe pas de trucs universels et qu’il est possible de se promener dans tout un registre (qu’elle propose) avec sa partenaire. Ce n’est ni trop « trash » ni trop à l’eau de rose. Bravo!
- L’ouvrage s’adresse principalement aux hommes hétérosexuels, mais les images présentent aussi bien des couples hétérosexuels que des couples homosexuels de femmes. Les couples lesbiens pourraient donc être intéressés par ce livre. Dans le même ordre d’idée, les images ne mettent pas en scène uniquement des couples caucasiens; on voit des personnes de plusieurs origines ethniques; belle sensibilité de vouloir s’adresser à une clientèle variée.
- Le livre comporte une section que je considère « trash-humoristique » s’intitulant « Pour en finir avec le fantasme du couple lesbien ». L’auteur remet les pendules à l’heure à tous les hommes hétérosexuels fantasmant de se joindre à un couple de femmes. Ça m’a fait sourire et ça a l’avantage d’être clair!
- Le livre (comme plusieurs livres de la collection) comporte une bonne dose d’humour. Par contre, certains passages sont plutôt vulgaires, ce qui ne plaira pas à toutes.
Voici les points qui auraient avantage à êtres modifiés
- Le livre présente parfois les femmes comme des princesses avides d’argent. À un certain moment, elle suggère à un homme de payer du champagne ou louer une chambre à 500 euros la nuit pour séduire une femme qu’il aurait rencontrée le soir même. C’est un peu exagéré.
- L’auteur aborde la séduction au sein du couple sans distinction avec la « séduction de bar ». Je ne crois que ça aurait avantage à être nuancé.
- L’auteure fait allusion au féminisme comme si le féminisme était uniquement radical en sous entendant que le féminisme a nui aux femmes dans leur façon de séduire et de se laisser séduire. Certaines clarifications devraient êtres faits à cet égard.
- Le livre comporte une gradation au fil des chapitres, jusqu’à ce qu’on arrive à la section « jeux et plaisirs plus extrêmes » qui semble être la suite des « choses normales ». Par contre, dans cette section, on aborde le bounding (ficeler sa partenaire), les pinces à seins, le fist (insertion d’un poing dans le vagin de la femme) et l’urophilie (uriner sur son ou sa partenaire). Ces pratiques sont pratiquées par certaines personnes, mais ne devraient pas être présentés comme la norme pour les lesbiennes plus aguerries.
- Une section présente des jouets érotiques, mais la majorité d’entre eux sont de formes phalliques, qui imitent un pénis. Deux choses; c’est assez contradictoire avec l’explication qu’elle fait de la sexualité qui ne se résume pas à la pénétration vaginale et il n’y a aucune présentation de toutes les autres sortes de vibrateurs pour les femmes ayant des formes variées, mais plus « optimisées » pour le plaisir des femmes.
- La section présentant les ITSS (infections transmissibles sexuellement et par le sang), quoi que très pertinente dans un ouvrage comme celui-ci, est traité avec légèreté et sans connaissances suffisantes à propos des diverses infections.
Voilà! Restez à l’affût de la prochaine critique sur « Osez… les conseils d’un gay pour faire l’amour à un homme »!
Sophie Morin, Sexologue-consultante
4 Commentaires
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Par contre, je ne crois pas qu'on doit «avertir» les gens avant de parler de «paraphilies» (... «à côté de l'amour»?!? ce mot devrait être banni du vocabulaire). Si les lecteurs ne sont pas attirés envers le bondage ou le fisting, ils ne le feront pas nécessairement parce qu'ils l'ont lu! Et quoi s'ils l'essaient? «Attention aux lecteurs: les pratiques qui suivent vont à l'encontre de l'amour et sont considérées comme étant déviantes dans la société»!!!
J'en ai marre d'écouter les gens exclure les pratiques différentes. Je crois que toutes les pratiques «hors-normes» restent marginales parce qu'on ne cesse de vouloir protéger les gens «normaux». Laissons les gens vivre les expériences qu'ils ont envie de vivre, cessons de vouloir définir ce qui est normal de ce qui ne l'est pas et de marginaliser les pratiques!
Je suis d'accord avec l'auteure, ce devrait être abordé avec légèreté.
Je n'ai pas mentionné qu'il devrait y avoir une affiche de néon indiquant "Cette section est pour les dérangés seulement; tenez vous le pour dit!"
L'auteur n'aborde pas le sujet avec légerté; il n'y a aucun avant-propos.
Il n'y a pas d'introduction au chapitre indiquant qu'elle prend position et que nous devrions considérer ces pratiques comme normales. Il n'y a pas non plus de phrase comme " Si vous êtes à l'aise avec votre partenaire et avez envie d'aller plus loin pour pimenter votre vie sexuelle..." ou autre phrase introductive.Si elle l'avait fait, ce serait différent. Le but d'un avant propos est seulement de mettre en contexte; pas de moraliser.
De plus, il ne s'agit pas de douter de l'intelligence des gens en présumant qu'ils/elles reproduisent tout ce qu'ils/elles lisent sans réfléchir.
Par contre, il y a une différence entre banaliser, inciter et normaliser.
Lorsqu'on fait de la sensibilisation, on dédramatise parfois certaines pratiques, ce qui ne veut pas nécessairement dire qu'on incite , mais qui ne veut pas dire non plus qu'on banalise.
La banalisation, pour moi, est le retrait de l'implication que certaines pratiques peuvent avoir.
La banalisation vient souvent de pair avec un sentiment d'obligation. Par exemple, aujourd'hui, faire une fellation est devenue banal. Ne pas faire de fellation est donc devenu anormal, voir arriéré! C'est ce que je souhaite éviter, que ce soit pour parler de la fellation, de la pénétration anale ou du sado-masochisme.
Voilà!