Lorsque j'ai débuté mes études universitaires, j'ai suivi un cours qui s'intitulait "Drogues et criminalité" offert par le département de criminologie de l'université de Montréal. Ce cours démystifie plusieurs phénomènes, dont l'évolution de la législation canadienne, mais aussi mondiale en lien avec la prostitution. Je me souviens du chargé de cours qui nous expliquait qu'en Suisse, les personnes prostituées se battaient pour avoir de l'assurance-emploi! "Légalisons la prostitution! Rendons possible que les femmes soient plus en sécurité pour exercer leur métier!"
Ça semble beau tout ça hein? Mais malheureusement, ce n'est pas aussi facile. Il n'est pas vrai que les femmes seront nécessairement plus en sécurité et auront plus de liberté dans leur métier. C'est ce que nous disent des féministes australiennes qui ont lutté pour la légalisation de la prostitution dans leur pays et qui l'ont obtenue. Le bilan près de 20 ans plus tard est loin d'être rose. Le phénomène de l'offre et la demande donne lieu à des souteneurs qui souhaitant gagner toujours plus d'argent pour répondre aux demandes toujours plus "trash" des clients; demande d'activités sexuelles de plus en plus violentes et prostitué(e)s toujours plus jeunes. La différence avec aujourd'hui au Canada? Les lieux de prostitution sont maintenant légaux.
Rien n'est parfait. Peut-être que la solution réside d'avantage dans la décriminalisation des personnes prostituées plus que dans la légalisation de la prostitution en soit?
Qu'en pensez-vous?
Vous voulez en savoir plus? Allez lire cet article!
5 Commentaires
Mais pour moi, le déclic est venu d'une expérience personnelle. J'étais en Belgique en voyage, et comme tout jeune homme, je décide d'aller voir le red light pour y admirer les femmes, pour voir c'est quoi (à Bruxelles, il y a un Red-Light avec des vitrines, comme à Amsterdam). Voir toutes ces jeunes femmes exposées derrière les vitres, comme de la marchandise derrière un étal de boucher... sincèrement, ça m'a vraiment déprimé.
Mais là où ça m'a le plus déprimé, c'est quand j'ai vu 4 jeunes gars (entre 16 et 20 ans je dirais) qui lorgnaient les filles, et un qui a dit: "regarde celle-là, putain, elle est bonne. Je me la fait, tu te la fais ensuite d'accord"... J'ai compris alors que lorsque l'État ou la société avalise le fait de vendre son corps, légalise la prostitution comme ça, il lance le message que la femme peut être considéré comme un objet de consommation. J'ai pas envie de vivre dans une société où les hommes grandissent avec l'idée qu'ils peuvent acheter une femme.
Je serais curieux de voir une étude sur l'image que se font des femmes les hommes dans les États où la prostitution est légale. Comparer avec les états qui prohibent ça, comparer la violence envers les femmes dans ces États, etc.
Sur le site que tu réfères pour ton article sur le livre traitant de la mode hypersexuelle, j'ai fais une rapide recherche et j'ai trouvé ce lien.
http://sisyphe.org/article.php3?id_article=692
Peut-être que tu peux approfondir davantage à partir de là et voir si il y a réponse aux questions que je soulève.
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/280559/decriminalisation-de-la-prostitution-moi-ex-prostituee-je-dis-non-a-la-prostitution
Pour ma part, je pense que légaliser la prostitution ne servirait à rien.
Il faut d'abord se demander pourquoi on veut la légaliser: pour rendre les conditions de travail de ces femmes (et de ces hommes) moins dangereuses? plus digne? Parce qu'on ne veut pas que ça se fasse n'importe où (et surtout pas dans ma cour)? Parce qu'on veut "sauver" ces personnes? les aider à s'en sortir?
Une fois qu'on a répondu à ces questions et qu'on s'est véritablement consacré à comprendre le mode de vie de ces personnes, on se rend compte que légaliser cette pratique n'est pas une solution. Les dynamiques qui amènent ces personnes à "choisir" ce mode de vie sont tellement complexes (faible estime de soi, consommation, violence, solitude, etc.)que le simple fait de légaliser la pratique ne peut pas les modifier suffisamment pour enrayer la prostitution.
Par ailleurs, j'ai l'impression que de légaliser la prostitution c'est se faire croire comme société, que dans le fond, c'est un métier comme un autre. Mais je ne crois pas que ça soit le cas.
Personnellement, je travaille en dépistage des ITSS auprès des clientèles vulnérables (ex.: utilisateurs de drogues injectables) et je crois que les systèmes qu'on met en place pour les "aider" sont souvent mal fait, parce que jamais créé à partir de LEURS perspectives.
Une collègue travaille présentement avec des travailleuses du sexe et les accompagne dans leur mode de vie. Son travail est de mobiliser ces femmes dans un projet qui leur tient à coeur: elles cherchent à mettre en place un refuge (ex.: L'Auberivière, Accueil Bonneau, etc.) mais administré spécialement selon le mode de vie des travailleuses du sexe (ex.: pas de couvre-feu). Ces femmes ne sont pas rendues, dans leur cheminement, à changer de vie (cesser la consommation et le travail du sexe nécessaire à payer leur drogue).
En légalisant la prostitution, on ne légaliserait pas le trafic et la consommation de drogue (ce qui ne serait pas non plus une solution). Le travail du sexe est, de par la nature des dynamiques sociales qui y mènent, clandestin.
Je pense que l'énergie devrait plutôt être mise à aider ces personnes à travailler dans la dignité, malgré le fait que leur travail soit illégal. Des initiatives comme celles du PIPQ ou de Point de repère (à Québec), ou de Stella (à Montréal) devraient recevoir plus de temps, d'argent et d'énergie.
Merci
Jérôme